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16 – Quel serait l’intérêt si c’était trop simple

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Chère lectrice, cher lecteur,

La dernière fois, nous vous avons parlé de nos légendes. Bien sûr, ce sont des légendes mais il y a une part de véridique que nous aimerions vous faire découvrir.

Ce serait bien aussi que l’on vous éclaire sur ce que la quatrième fée a créé.

Dans la légende du vent relatif, les oiseaux disent à EOLE que c’est un vent qui n’existe pas en tant que tel mais que l’on peut créer à volonté.

On ne peut pas vous garantir que ce sont les oiseux qui ont trouvé le vent relatif. Par contre, ce qu’ils ont dit à EOLE est on ne peut plus vrai. Le vent relatif est à différencier du vent tout court. Il est créé par le déplacement d’un solide dans une masse d’air et dépend de la vitesse du déplacement.

Le vent relatif, tout le monde peut en créer, par exemple, vous, en voiture. Mais nous les hélicoptères nous l’utilisons.

Le pas des pales ne relève pas de l’imaginaire et c’est, sinon l’union, du moins la rencontre des pales avec le vent relatif que l’on appelle le pas des pales ou angle d’incidence. Quand l’hélicoptère est en vol, les pales rencontrent le vent relatif qui vient de face. Cela crée un angle que l’on appelle angle d’incidence ou pas des pales. Les commandes agissent sur la dimension de cet angle et donc sur le pas des pales.

Si les trois premières fées ont fait don respectivement de la portance, de la poussée et de la puissance (pour la portance et la poussée, cela devrait vous rappeler quelque chose), c’est la quatrième fée qui a créé les commandes. Sinon, on ne voit pas bien comment ça pourrait marcher.

La légende reste très vague sur ce qu’a fait la quatrième fée. Nous lui attribuons donc d’office la création des commandes et de leurs interactions.

Nous ne reviendrons pas sur ce qu’est la portance sauf pour vous rappeler que si pas de portance, pas de vol. (Pour les lecteurs qui nous rejoindraient, toutes les explications sur la portance sont à retrouver dans notre blog sur notre site www.helicharentes.fr).

Pour faire simple, même si les puristes pourraient s’en offusquer, nous allons considérer que la commande de la portance est le pas général tandis que la commande de la poussée donc du mouvement est le pas cyclique, communément appelé cyclique.

On pourrait se dire que le cyclique est LA commande majeure. Et on se tromperait.

Chacune de nos commandes produit les effets pour lesquelles on les utilise et des effets dont on se serait bien passé. L’équilibre, c’est la conjonction harmonieuse des commandes de pas (le pas général et le pas cyclique), de la commande des gaz et de la commande de l’anti-couple.

Entre les commandes, c’est un travail collaboratif, du latin « cum labore », travailler avec. Les commandes bossent ensemble et c’est ça qui assure l’équilibre. Si c’était automatique, ce serait encore mieux mais autant vous le dire tout de suite, avec moi, rien n’est automatique.

Je suis un hélico-école.

Moi je vous emmène, vous vous apprenez.

Revenons donc à ce que font nos commandes.

Les commandes de pas, vous savez maintenant ce qu’est le pas, augmentent ou diminuent l’angle d’incidence des pales avec le vent relatif soit par une action de toutes les pales en même temps qui vont donc avoir le même pas, soit par une action spécifique (on dit cyclique) des pales qui vont donc avoir un pas différent pour chaque pale à un instant T.

Pour que la suite vous paraisse limpide, (si, si), pourriez-vous s‘il vous plaît faire un cercle sur une feuille de papier ? En haut du cercle, inscrivez ‘12’, en bas du cercle, inscrivez ‘6’, à gauche, inscrivez ‘9’ et à droite, inscrivez ‘3’. Je vous rappelle que mon rotor tourne dans le sens anti-horaire.

Quand le rotor tourne, la vitesse fait que les pales se fondent entre elles – visuellement uniquement- et que l’on a l’impression de voir un disque plein. C’est ce que l’on appelle le disque rotor et c’est ce que vous venez de reproduire.

Quand le rotor est actionné par le pas général, les pales passent de 12 à 9 puis à 6 puis à 3 puis à 12 et ainsi de suite avec le même pas.

Quand le rotor est actionné par le pas cyclique, par exemple, du cyclique avant, la pale en 12, on vous dit pourquoi après, a un pas plus réduit que la pale en 6. Si on met du cyclique arrière, la pale en 12 a un pas plus grand que la pale en 6.

Donc, il y a au moins déjà 2 pales qui n’ont pas le même pas. En 9 et en 3, le pas est plus intermédiaire.

La différence notable de pas entre la 12 et la 6 tient au fait que le cyclique fait basculer le disque rotor dans la direction où le cyclique est bougé. C’est ce basculement qui crée la poussée ou force d’avancement (ou traction, pensez à Newton).

On met du cyclique avant, je pars en avant et j’accélère. On met du cyclique arrière pour que je ralentisse et du cyclique latéral à droite ou à gauche pour tourner à droite ou à gauche. On peut aussi mettre du cyclique latéral pour une autre raison que tourner et du cyclique avant ou arrière pour une autre raison qu’accélérer ou que ralentir.

Si on met du cyclique avant, j’accélère. Ma pale en 12 a un pas de pale plus faible que ma pale en 6. Comme c’est la pale en 12 qui crée le plus de portance, je perds en portance. Je vais plus vite mais je descends. L’appareil s’incline et j’ai un air penché certain.

Quand on met du cyclique arrière, ma pale en 12 a un pas de pale plus important que ma pale en 6. Je prends de la portance, ça me ralentit mais ça me fait aussi monter. J’ai un air penché en arrière tout aussi certain.

Voilà ! vous savez maintenant pourquoi un hélicoptère a parfois un air penché en avant ou en arrière. C’est parce qu’il accélère ou qu’il ralentit.

La troisième fée a fait don de la puissance et la quatrième de la commande des gaz qui est la commande de puissance produite par le moteur. Bon, vous n’êtes pas obligé(e) de croire aux fées. Quoiqu’il en soit, la commande des gaz est à l’avant de la commande du pas général et se manoeuvre comme la commande des gaz d’une moto. C’est en la faisant tourner dans un sens ou dans l’autre que la puissance du moteur varie.

Comme je vous l’ai dit, pas d’automatisme avec moi et donc, pas de régulateur de la puissance. Autrement dit, avec moi, c’est vous qui allez gérer la puissance nécessaire afin de maintenir le régime du rotor constant. Vous aurez donc l’extrême plaisir (si, si) de devoir coordonner tous les mouvements du pas général et de la manette des gaz.

Quel serait l’intérêt si c’était trop simple !

L’équilibre de l’hélicoptère quand je vole dépend aussi de la commande de l’anti-couple. Soit comme on l’a vu, l’hélico a des rotors en tandem qui tournent en sens inverse ou deux rotors l’un au-dessus de l’autre comme Ingenuity, l’hélicoptère martien (voir notre blog), soit l’hélico dispose d’un rotor anti-couple situé en poutre de queue. C’est mon cas.

L’hélicoptère est un sport très complet. Vos deux mains sont prises. Vos deux pieds aussi. C’est le palonnier (pied gauche/pied droit) qui contrôle le rotor de queue en modifiant l’angle d’incidence de ses pales pour contrecarrer l’effet de couple. Là aussi, il y a un effet de pas.

La légende ne dit pas quelle est la fée qui a eu l’idée saugrenue de créer le couple ! Pas sûr que ce soit la quatrième !

A bientôt

Le Hugues 500, le Hugues 300 et le Bell 206