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19 – Le réveil de la fibre matheuse

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Chère lectrice, cher lecteur, bonjour

Ah nos commandes, elles sont magiques et si on se laissait aller, on pourrait vous en parler encore des heures et des heures. Ce serait quand même dommage car dans le plaisir du pilotage d’un hélicoptère, il y a tant de choses à dire et à partager.

Ainsi des mathématiques (si,si) !

Les maths vous ont peut-être laissé quelques souvenirs fâcheux. Ça fait parfois cet effet-là. Avec nous les hélicos, les maths c’est un plaisir. L’hélico ça réveille la fibre matheuse qui est en vous (si, si).

Pour commencer le réveil de la fibre matheuse, un petit exercice de calcul mental. Rien que de très simple pour débuter avec des conversions entre la façon terrienne et la façon aéronautique d’exprimer certaines données.

Vous vous demandez pourquoi du calcul mental alors que la calculette sur votre téléphone est si pratique ! Laissez tomber votre téléphone (au figuré). Ça ne marche pas en hélico. Non pas que vous ne captiez rien. Mais parce qu’en hélico, on ne lâche pas les commandes. Si vous pensez que j’exagère, si vous venez pour un vol d’initiation, faites l’expérience. Lâchez les commandes pour voir. Prévenez tout de même l’instructeur avant.

Donc, en vol en hélicoptère, il y a des moments où l’on peut être conduit à devoir faire du calcul mental d’où l’intérêt de s’entraîner. D’autant que dans la vie courante, ça peut vous servir pour des tas de choses.

Pour vous aider, nos premiers exercices vont porter sur des conversions puis nous passerons à un peu plus compliqué avec le calcul du facteur de base. C’est l’appellation consacrée pour le calcul du temps estimé de vol.

Vous êtes prêts ? votre portable est bien rangé ? commençons donc par quelques conversions entre façon terrienne et façon aéronautique d’exprimer la distance à parcourir, la vitesse et l’altitude.

Vous connaissez les kilomètres pour les distances, les mètres pour l’altitude et les kilomètres/h pour la vitesse. Nous, nous ne parlons pas ainsi. Nous, nous avons des miles nautiques pour les distances que nous parcourons, nous avons des pieds pour l’altitude et des nœuds pour la vitesse.

Le mile nautique (symbole « NM ») se rapporte à une distance à parcourir. Si vous voulez exprimer une distance par rapport à quelque chose, par exemple à des nuages, vous l’exprimerez en kilomètres.

Rappelez-vous la visite des Québécois. Ils nous ont demandé, à quelle distance se trouvait Brouage. Et on leur a répondu que c’était à 2 min, c’est-à-dire à 2 NM (pour Nautical Miles en anglais). Sachant qu’1 mile nautique fait 1,8 km, on aurait pu leur dire que c’était à 4 km. Bon, nous sommes d’accord que 1,8 x 2, ça ne fait pas 4. Mais, voyez le bon côté des choses à s’entraîner au calcul mental, on prend des raccourcis (parfois) pour se faciliter le calcul.

C’est pareil pour la vitesse que l’on exprime en nœuds (symbole « kt », de knot en anglais). La vitesse est le rapport entre une distance parcourue et le temps nécessaire pour la parcourir. 1 m/s correspond à 2 kt et 1 kt correspond à 1,8 km/h. Là aussi, faisons simple en prenant 2 comme correspondance. Si vous voyez sur un bulletin météo que le vent est de 60 km/h, vous saurez désormais que cela fait 30 kt. Vous saurez par la même occasion que je ne sors pas quand le vent souffle à 30 kt. C’est bien d’avoir un peu de vent mais il n’en faut pas trop. Donc, ce jour-là, pas de vol d’initiation.

Et croyez bien que j’en suis le premier marri. J’aime beaucoup les vols de formation que l’on appelle aussi vols d’instruction et j’apprécie de voir nos élèves progresser mais j’aime aussi beaucoup les vols d’initiation. Permettre de prendre les commandes et, le temps d’un vol, d’appréhender ce qu’est le pilotage d’un hélicoptère, favoriser la connaissance, me paraît être l’essence même d’une école de pilotage.

On utilise les pieds pour exprimer l’altitude (symbole « ft » pour feet en anglais). Il y a différentes façons d’exprimer l’altitude selon l’altitude à laquelle on vole. On y reviendra. La conversion avec nos bons mètres ne se fait pas par 2 mais par 3. Par exemple, si vous volez à 10 000 pieds, ça fait environ 3000 mètres. Comme on vole maxi pour ce qui me concerne à 2000 ft, divisé par 3, ça fait ? 666 m et des poussières. Plus facile à 1500 ft, ça fait 500 m

Pour poursuivre sur le réveil de votre fibre matheuse et maintenant que vous vous êtes entraînés avec des calculs de conversion, laissons là la mise en bouche et passons à des choses plus sérieuses avec le calcul du facteur de base lequel, comme on vous l’a dit, permet de calculer le temps estimé de vol.

Pour les vols d’initiation, vous n’avez pas de crainte à avoir, il ne vous sera pas demandé de calculer le temps estimé de vol. Déjà, me direz-vous parce que les durées sont bien connues. Un vol d’initiation c’est 20 mn ou 30 mn avec moi et 20 mn avec le Bell.

Ensuite, parce que vous êtes assurés qu’on ne vous fera pas le coup de la panne ! Cependant, des pilotes aguerris se laissent avoir régulièrement sur leur niveau de carburant pour être passé un peu vite sur tout ce qui entrait dans le calcul du carburant à emmener par rapport au carburant qui va être consommé.

Tout ça pour dire que le facteur de base c’est super important et qu’il ne faut pas le négliger quand on prépare un vol.

C’est que contrairement à vous, automobilistes, on ne s’arrête pas dans une station-service et hop, on repart. Déjà, notre carburant n’est pas le vôtre.

Moi je vole avec de l’avgas 100 LL, ça ne s’invente pas. C’est bien sûr de l’anglais et c’est la contraction d’Aviation Gazoline, Low Lead. Et si j’ai besoin d’avitailler, je dois m’assurer avant de partir que je pourrai en trouver. Quitte à devoir me détourner. Je dois donc avant de partir estimer très précisément mes besoins en carburant. Je peux aussi avoir besoin en cours de vol de recalculer le temps estimé d’où le fait de savoir le faire.

De quoi ai-je besoin ? en préparation du vol, il me faut la distance et ma vitesse. Mettons que je fasse 100 NM. Ma vitesse maxi est de 94 kt. Même si ça fait en l’air plus de 180 de vos km/h, ce n’est pas ce que l’on appelle une vitesse extrême. A fortiori si j’ai le vent de face ! Je suis un hélico école. Je ne fais pas dans la vitesse.

En tout état de cause, si on veut aller vite, on se déplace en avion.

La bonne vitesse moyenne, c’est 70 kt.

Donc, la formule à appliquer est 60 que divise la vitesse que multiplie la distance à parcourir. 60 représente le temps, soit 60 min dans 1 heure comme vous le savez.

60 divisé par 70 et multiplié par 100.

Bon, je vous l’accorde, 60 divisé par 70, ce n’est peut-être pas le plus facile pour un premier entraînement. Pour les besoins de l’exercice, je ne vais pas prendre ma vitesse mais une vitesse. Par exemple, 120 kt. Donc 60 divisé par 120, ça fait 6 divisé par 12 soit 0,5 fois 100 NM, ce qui fait 50 min.

Sachant que je consomme 40 litres d’avgas à l’heure et qu’il y a 3,78 litres dans un gallon, combien de gallons me faudra-t-il pour faire mes 100 NM ? C’est le même principe que la vitesse de remplissage d’une baignoire rapporté au vol en hélicoptère.

On vous laisse 1 min. C’est parti […]. Trouvez-vous comme nous 33,33 litres soit 8,82 gallons (8,818 précisément) ? Le plus compliqué, c’est la petite règle de 3 à faire de tête.

Le facteur de base vous passionne ? Ça ne nous étonne pas. C’est si pratique pour calculer un temps de trajet et si pratique pour s’entraîner au calcul mental. Vous pouvez l’appliquer aux déplacements en voiture si vous voulez. Ça marche tout pareil.

On vous laisse à vos calculs (de tête) et on vous dit à très vite.

Le Hugues 500, le Hugues 300 et le Bell 206