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24 – Premier mantra

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Chère lectrice, cher lecteur,

On s’est quitté la dernière fois sur une question d’importance : comment visualise -t-on la vitesse ? Il faut un instrument de mesure qui est un anémomètre.

En aéronautique francophone, cet anémomètre est connu sous le nom de badin. Et pourquoi le badin ? tout simplement du nom de son concepteur, Raoul Badin, ingénieur aéronautique français (1879-1963).

Donc, le badin fait la soustraction entre la pression totale et la pression statique et restitue la pression dynamique qui exprime votre vitesse en kt.

On pourrait penser qu’on ne badine pas avec le badin, mais voilà, c’est tout l’inverse. C’est le badin qui badine avec vous. Comprenez que la mesure qu’il vous restitue a un temps de retard. Donc, n’est jamais juste à un instant T. Le sera à T+1 si vous n’avez pas changé de vitesse entre temps.

Ce n’est pas que Mr Badin n’ait pas été en mesure de calculer juste. Nous hasardons une hypothèse relative à la pression statique laquelle comme vous le savez maintenant (vous reporter à notre article précédent), est la pression atmosphérique. Nous hasardons donc l’hypothèse que c’est la variation de la pression atmosphérique qui rend la mesure de la vitesse un peu incertaine. Nous pouvons dire aussi, relative. Vous saurez par là même, qu’à chaque fois que vous montez de 28 pieds (ft), jusqu’à 10 000 ft, altitude que vous n’atteindrez pas dans nos vols, vous perdez 1 hPa (hectopascal).

C’est notre hypothèse.

Alors si la vitesse est incertaine, que faire ?

Par chez vous, je crois qu’on dit qu’on n’est jamais mieux servi que par soi-même. En hélico, on dit pareil et ça se traduit en fixant vous-même votre vitesse. Ça s’appelle l’assiette.

Premier mantra du pilote en formation, à chaque assiette sa vitesse.

Votre assiette, c’est l’angle de mon fuselage avec l’horizon. Ce qui suit a été simplifié mais en même temps, ce n’est guère plus compliqué que ce qu’on va vous dire.

Pour faire simple, donc, quand votre disque rotor (vous reporter à notre blog sur notre site www.helicharentes.fr) est proche de l’horizon, voire, passe en dessous, (c’est visuel bien sûr), vous avez – vu du sol – un air penché en avant et – vu du cockpit – une assiette à piquer. Plus votre disque rotor s’éloigne de l’horizon, plus – vu du sol – vous avez un air penché en arrière et plus – vu du cockpit – vous avez une assiette à cabrer.

Rappelez-vous, cyclique avant, j’accélère, donc je me rapproche de l’horizon, cyclique arrière, je ralentis, je m’éloigne de l’horizon.

La méthode et simple. Si difficulté il y a, c’est qu’il faut avoir l’assiette dans l’œil. Entendez par là que votre mémoire visuelle doit vous permettre de mesurer la marge existante entre le disque rotor et l’horizon. A telle marge, c’est 70 kt, à telle autre c’est 80 kt, 60 kt ou 50 kt.

Commencez par vous mettre en vol de croisière. En vol de croisière, vous ne changez pas d’altitude et votre vitesse est constante.

Tâchez de vous mettre à 70 kt, vous pouvez contrôler sur le badin, et visualisez la hauteur de la marge de votre disque rotor avec l’horizon à cette vitesse.

Visualisez bien la marge. A cette marge là, vous êtes à 70 kt. Vous devrez pouvoir retrouver cette marge, c’est-à-dire, cette distance visuelle à l’horizon, à chaque fois que vous voudrez aller à 70 kt. Ceci sans regarder le badin bien sûr.

Maintenant, un peu de cyclique avant (et un brin de pas général pour ne pas perdre d’altitude), prenez une assiette à 80 kt. Visualisez bien la marge avec l’horizon correspondant à 80 kt.

Reprenez votre assiette des 70 kt et mettez un peu de cyclique arrière (avec un brin de pas général), prenez une assiette à 60 kt, puis à 50 kt.

Vous pouvez aussi vous contenter de 3 assiettes, 80 kt, 70 kt et 50 kt en déduisant que 60 kt, c’est à mi-chemin entre 70 kt et 50 kt mais tant qu’à vous entraîner, c’est pas mal d’avoir les quatre assiettes.

4 assiettes, 4 vitesses, vous êtes paré(e) pour voler et profiter du résultat accompli : vous savez prendre une assiette !

A chaque assiette sa vitesse était le premier mantra du pilote en formation. Il faut que l’on vous parle du second mantra. On le fait très vite.

A bientôt

Le Hugues 500, le Hugues 300 et le Bell 206