58 – Un exercice délicat

Chère lectrice, cher lecteur bonjour,

Nous vous parlions la dernière fois d’un des deux derniers tests d’avant le décollage, déterminants pour la sécurité en vol. Pour le test Magnétos, on s’était arrêté sur le fait que ce test consistait à vérifier que les deux circuits fonctionnaient correctement avant le décollage, l’un assurant le secours de l’autre.

Reprenons nos explications pour bien comprendre comment ça se passe. Pour que le test soit efficace, il faut en créer les conditions. Commencez donc par passer Boule à 2500 t/min et en même temps, tirez sur le pas général pour mettre sur 14 pouces de mercure la pression d’admission (cadran « Manifold Pressure).

Comme nous l’indiquons dans le titre, c’est un exercice délicat pour ajuster les 2500 T/min et les 14 pouces car vous faites sensiblement la même chose en augmentant les tours et en levant le pas général pour passer à 14 pouces. Exercice délicat mais pas impossible qui nécessite ce dont on ne se douterait pas :  ne pas vouloir la précision absolue.

Nous irons même jusqu’à vous dire qu’être trop précis nuit à votre pilotage.

Je ne vous refais pas un cours sur la pression d’admission et vous invite à vous replonger dans les articles où je traite du sujet « De bas en haut horizontalement » et Façon grand reporter » principalement.

Donc, pour en revenir à notre test, en donnant plus de puissance, vous produisez davantage d’électricité haute tension. Tenez le cyclique de la main gauche et de la main droite, faites le test de la magnéto. D’abord celle de gauche. Vous ferez la même chose pour celle de droite après. Passez la clé de la position BOTH à la position L (pour left) ou R (pour right) en comptant 3 secondes et vérifiez que l’aiguille des tours/min recule d’un cran puis remettez la clé sur la position BOTH. 

La chute maximum par magnéto en 3 secondes ne doit pas dépasser 125 t/min et l’écart maximum entre les deux magnétos lors de leur chute respective ne doit pas dépasser 50 t/min.

Pour aller au plus simple, retenez que si l’aiguille du tachymètre recule de plus d’un cran (chaque cran représentant 100 T/min), alors il y a possiblement un souci. Comme ça va vite, vous n’aurez sans doute pas bien vu et une seconde fois permettra de valider le test.

Le deuxième test nécessite aussi de se mettre en condition. Baissez le pas général et dans le même temps, réduisez franchement le régime du moteur en tournant la manette des gaz vers la droite.

Finalement, si vous voulez un petit temps de repos, c’est là que ça se passe. Vous pouvez observer tranquillement la désynchronisation des aiguilles moteur et rotor sur le tachymètre avant de revenir à 1500 t/min et que les aiguilles se réalignent à nouveau. Vous venez de faire le test de la roue libre ce qui est essentiel si vous avez un problème sur le moteur en vol, genre, il n’y a plus de jus !

Il faut dans ce cas que le rotor continue à tourner sans moteur et la roue libre, indispensable à l’opération, est une sécurité.

Pensez-vous qu’ENFIN vous allez pouvoir décoller ? Eh bien non, pas encore mais vous n’en avez jamais été aussi proche.

Vous repassez en revue tous vos voyants d’alarme pour vérifier qu’ils sont éteints. Vous défrictionnez le cyclique. Vous passez Boule à 3000 t/min. Vous mettez la pompe de gavage sur ON. Il faudra penser à la couper quand vous serez rendu(e) à 400 ft.

Vous avez déjà déterminé votre pression d’admission maximum ce qui vous donne par la même occasion, maintenant que vous y êtes presque, votre puissance maximum disponible au décollage (PMD). Vous vérifiez s’il n’y a toujours pas âme qui vive à proximité, personne ou machine volante, vous mettez le transpondeur sur ALT et là, là, Ouiiii…. Ça y est. Vous allez pouvoir partir. A vous les grands espaces et la suite de nos opérations.

A très bientôt

Le Hughes 300 et Boule de gomme

Boule tient à vous dire que ce qui nous a pris plusieurs articles, prendra une dizaine de minutes en live avec un peu d’entraînement. Et Mystère vous fait dire que sur un moteur à turbine à gaz, c’est encore plus rapide.