You are currently viewing 59 – Telles les rémiges d’un gypaète barbu

59 – Telles les rémiges d’un gypaète barbu

  • Post category:Le Blog

Chère lectrice, cher lecteur bonjour,

Mon moteur est en route. Mon rotor aussi. C’est bien synchro. Les tests Magnéto et roue libre sont faits, le décollage vous attend !

Pour commencer, un truc simple mais capital, cherchez votre repère. Le must, c’est une tour. Un château d’eau, c’est très bien aussi. Ça peut être aussi un pylône électrique. Je vous parle de ce qu’il y a devant vous à proximité du hangar selon le sens dans lequel vous êtes posé. D’une façon générale, je déconseille de prendre un arbre comme repère sauf s’il n’y en a qu’un ou s’il est particulièrement remarquable. Vous avez aussi, côté nord, une grosse boule sur un pylône, on ne peut pas la rater ou le haut du pont transbondeur. A ne pas confondre avec le transpondeur s’il vous plaît.

Deuxième chose, vous vous mettez en mode écoute. De quoi ? de moi, pardi, votre hélico. Vous devez sentir mes frémissements avant de les voir se refléter en quelque sorte sur votre repère. Oui, je sais, c’est un peu abstrait. Il faut un peu d’entraînement.

Vous vous mettez à 2500 T/min et vous levez le pas général ce qui, on l’a vu la fois dernière a un impact sur la pression d’admission. Là, il ne se passe rien. Laissez-moi le temps d’arriver !

Vous continuez à lever le pas général doucement et à un moment ; vous allez sentir que je m’allège. C’est que pendant que vous faites cette manœuvre, moi je prends le vent. Vous ne le voyez pas mais au sol, les spectateurs le voient s’ils sont attentifs, mon rotor se met en V. Ce n’est pas le V de la victoire. C’est un V qui soulève un peu le bout de mes pales. Un peu comme les rémiges d’un gypaète barbu. En hélico, on appelle ça la conicité des pales. Comme vous êtes à l’écoute, vous sentez donc que je m’allège. C’est ce que l’on appelle le déjaugeage. Là, vous mettez un peu de cyclique avant en bloquant au palonnier gauche le couple qui ne va pas tarder, puis un chouia de cyclique arrière.  Vous levez encore un peu le pas général et là, en principe, je quitte le sol avec regret cependant.

Et que fais-je ?  Au moment de quitter le sol : je pars à droite. Puissance sur moteur = couple sur rotor = je tourne à droite si plus de puissance ou je tourne à gauche si moins de puissance. Je sais, c’est contrariant. La quatrième fée s’est un peu ratée ! (voir nos légendes s’il vous plaît et nos articles « Comment les fées s’en sont ¨mêlées » et « quel serait l’intérêt si c’était trop simple ? »). Encore que l’on ne soit pas certains que ce soit la quatrième fée qui a créé le couple.

Comme vu et senti, vous mettez du pied à gauche pour contrer le couple. Je suis au-dessus du sol en stationnaire aplatissant avec application du souffle de mon rotor l’herbe aux alentours.  A ce stade, mieux vaut être au-dessus d’une surface bitumée qu’au-dessus de l’herbe pour une raison pratique : plus le sol est dur, meilleur sera l’effet de sol, ce petit plus qui vous économise de la puissance.

L’effet de sol, c’est une question de portance. L’air qui vient du dessus et passe entre les pales ricoche sur le sol avant de revenir sous les pales. Ça aide au décollage en créant une pression de l’air plus importante sous le rotor ce qui augmente la portance de mon rotor. L’effet de sol se fait sentir jusqu’à une hauteur égale à deux fois le diamètre de mon rotor.

Bon, comme on ne va pas y passer la journée, selon que j’étais stationné en montrant mon profil gauche ou mon profil droit, vous mettez un chouia infime de cyclique à droite ou à gauche en contrôlant la cadence, c’est-à-dire, en contrant le couple), pour vous écarter du parking devant le hangar et vous mettre en position d’aller vers le taxiway d’abord et de là, vers la piste.

Bon, à votre avis, à ce stade des opérations, vous n’auriez pas oublié un petit quelque chose ?

A très vite pour vous dire quoi.

Le HUGHES 300

Pour celles et ceux qui s’intéresseraient au gypaète barbu, sachez que c’est un rapace dont l’envergure, sans atteindre la nôtre, nous paraît assez remarquable, avec près de 3 mètres. Ce charmant volatile – enfin, on le suppose – ne crèche pas à Rochefort St Agnant. En tous cas, on n’en a jamais vu par ici. Pour illustrer la conicité, on aurait pu prendre en considération les rémiges d’un aigle ou celles d’un moineau mais comme je l’ai dit à Aramis, autant viser quelque chose d’exceptionnel. Comme nous.

Pour les pilotes très confirmés qui survoleraient les Alpes, la Corse, le Massif central et les Pyrénées, veillez aux zones de sensibilité majeure (ZSM) du gypaète barbu svp.