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74 – Monter au 7Ăšme ciel, suite

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ChĂšre lectrice, cher lecteur, bonjour,

La derniĂšre fois, nous vous avons juste citĂ© l’effet Venturi sans nous appesantir sur le sujet. Mais, ça mĂ©rite quelques explications. DĂ©jĂ  vous dire que le nom de Venturi vient du nom du physicien italien Giovanni Battista Venturi. Et que l’effet auquel il a donnĂ© son nom est un phĂ©nomĂšne de la dynamique des fluides oĂč les particules gazeuses ou liquides se retrouvent accĂ©lĂ©rĂ©es Ă  cause d’un rĂ©trĂ©cissement de leur zone de circulation.

On ne voudrait pas vous embrouiller avec des noms en ‘i’, mais pour comprendre cet effet, rien ne vaut le thĂ©orĂšme de Bernouilli selon lequel, si le dĂ©bit d’un fluide qui circule par exemple dans un tuyau est constant (le fluide, pas le tuyau), et que le diamĂštre (dudit) tuyau diminue, alors, la vitesse du fluide augmente et en prime, l’accĂ©lĂ©ration ainsi provoquĂ©e occasionne une chute de la tempĂ©rature.

Dit autrement, mais on n’est pas sĂ»rs de notre coup, le phĂ©nomĂšne dĂ©crit par Giovanni Battista Venturi implique que lors d’un Ă©coulement rĂ©gulier et uniforme d’un fluide, la modification du diamĂštre d’une section d’une canalisation oĂč passe ce fluide modifie la vitesse et la pression dudit fluide.

Boule fait des grimaces en nous disant que ça n’est pas plus clair pour lui – merci Boule pour ton aide –(soit dit en passant, ça ne l’était pas non plus pour nous) et qu’on pourrait faire abstraction des principes de physique pour voir plutĂŽt le rĂ©sultat. TrĂšs prĂ©cisĂ©ment, que se passe-t-il pour le carburateur ?

Donc, voilà : Ă  l’intĂ©rieur du carburateur, l’air passe par un endroit rĂ©trĂ©ci. A ce moment-lĂ , la pression diminue ce qui permet l’accĂ©lĂ©ration de l’air Ă  cet endroit, mais la tempĂ©rature diminue Ă©galement. La baisse de tempĂ©rature est d’environ 15 °C Ă  20° C. Des conditions givrantes peuvent alors exister quand bien mĂȘme les tempĂ©ratures extĂ©rieures sont positives.

En plus, quand l’air est humide, plus la proportion de gouttelettes d’eau dans l’air est importante, plus le risque de givrage est important. Le plus fort risque de givrage se rencontre dans des masses d’air dont la tempĂ©rature est comprise entre + 20°C et – 5°C.

Et alors que faire ? La solution est de rĂ©chauffer l’air dans le carburateur. C’est bien MAIS, comme l’air est plus chaud, il est aussi moins dense ce qui diminue la puissance du moteur.

Donc, la meilleure des solutions est la nĂŽtre : ne pas avoir de carburateur mais un systĂšme d’injection directe qui permet un dosage plus rĂ©gulier en carburant et une meilleure rĂ©partition dans les cylindres avec une combustion plus efficace et donc une puissance augmentĂ©e. On se demande pourquoi, il y a encore des carburateurs ?

Comme on prĂ©voyait de s’arrĂȘter lĂ , Boule nous a fait remarquer qu’il n’y avait pas que le carburateur qui pouvait givrer. Le Pitot pouvait givrer aussi et que si ça n’arrĂȘtait pas le moteur, c’était tout de mĂȘme trĂšs dĂ©stabilisant parce que le Pitot, c’est essentiel. Le Pitot, rappelez-vous notre article n° 23, « Une affaire de bouton-pression », mesure la pression totale au sein du circuit de pression statique. En soustrayant la pression statique Ă  la pression totale, on dĂ©termine la vitesse de l’aĂ©ronef par rapport Ă  son environnement.

Donc, si le Pitot givre, tout ce qui dĂ©pend de son bon fonctionnement, par exemple, le badin, le variomĂštre et l’altimĂštre est en dĂ©faut. LĂ  aussi, on peut utiliser un systĂšme de chauffage. Pour faire le tour de tout ce qui gĂšle, les pales, bords d’attaque par exemple ou les empennages, ça peut geler aussi.

A dire vrai, ça ne m’est jamais arrivĂ©. A Aramis non plus. Mais Ă  -50° C lĂ , on n’y coupe pas ! Donc, on se rĂ©pĂšte, quel intĂ©rĂȘt d’aller si haut ?

Sur ces entrefaites, PLJ revenant dans le hangar, nous lui avons posĂ© la question. Comme nous lui disions ne pas voir d’intĂ©rĂȘt Ă  monter si haut, il nous a dit que ce n’était pas Ă  prendre au pied de la lettre. On s’est tous regardĂ©s. C’est quoi ça le pied de lettre ?

Nous voyant perplexes, il nous a dit qu’il ne fallait pas prendre l’expression de façon littĂ©rale mais au figurĂ©. Ah !!!! et que donc, cette expression voulait dire une intense satisfaction.

Trop fortiche ce PLJ ! Une intense satisfaction ? mais, pouvions-nous considĂ©rer qu’une extrĂȘme satisfaction remplissait la condition d’intense ? parce que, nous, avec Aramis, quand nous assurons un vol d’initiation ou que nous accompagnons un vol d’instruction, bref, quand nous vous accompagnons Ă  la dĂ©couverte du pilotage d’un hĂ©licoptĂšre, c’est toujours pour nous une extrĂȘme satisfaction.

LĂ , on lui a posĂ© une colle. Il nous a dit qu’il ne savait pas mais que, pourquoi pas ?

Bon, nous vérifierons ça au prochain vol et, en attendant, nous rangeons votre expression en bonne place dans notre collection.

On vous dit au mois prochain.

Le Hughes 300, le Bell 206 et PLJ