ChĂšre lectrice, cher lecteur, bonjour,
La derniĂšre fois, nous vous avons juste citĂ© lâeffet Venturi sans nous appesantir sur le sujet. Mais, ça mĂ©rite quelques explications. DĂ©jĂ vous dire que le nom de Venturi vient du nom du physicien italien Giovanni Battista Venturi. Et que lâeffet auquel il a donnĂ© son nom est un phĂ©nomĂšne de la dynamique des fluides oĂč les particules gazeuses ou liquides se retrouvent accĂ©lĂ©rĂ©es Ă cause dâun rĂ©trĂ©cissement de leur zone de circulation.
On ne voudrait pas vous embrouiller avec des noms en âiâ, mais pour comprendre cet effet, rien ne vaut le thĂ©orĂšme de Bernouilli selon lequel, si le dĂ©bit dâun fluide qui circule par exemple dans un tuyau est constant (le fluide, pas le tuyau), et que le diamĂštre (dudit) tuyau diminue, alors, la vitesse du fluide augmente et en prime, lâaccĂ©lĂ©ration ainsi provoquĂ©e occasionne une chute de la tempĂ©rature.
Dit autrement, mais on nâest pas sĂ»rs de notre coup, le phĂ©nomĂšne dĂ©crit par Giovanni Battista Venturi implique que lors dâun Ă©coulement rĂ©gulier et uniforme dâun fluide, la modification du diamĂštre dâune section dâune canalisation oĂč passe ce fluide modifie la vitesse et la pression dudit fluide.
Boule fait des grimaces en nous disant que ça nâest pas plus clair pour lui – merci Boule pour ton aide â(soit dit en passant, ça ne lâĂ©tait pas non plus pour nous) et quâon pourrait faire abstraction des principes de physique pour voir plutĂŽt le rĂ©sultat. TrĂšs prĂ©cisĂ©ment, que se passe-t-il pour le carburateur ?
Donc, voilĂ Â : Ă lâintĂ©rieur du carburateur, lâair passe par un endroit rĂ©trĂ©ci. A ce moment-lĂ , la pression diminue ce qui permet lâaccĂ©lĂ©ration de lâair Ă cet endroit, mais la tempĂ©rature diminue Ă©galement. La baisse de tempĂ©rature est dâenviron 15 °C Ă 20° C. Des conditions givrantes peuvent alors exister quand bien mĂȘme les tempĂ©ratures extĂ©rieures sont positives.
En plus, quand lâair est humide, plus la proportion de gouttelettes dâeau dans lâair est importante, plus le risque de givrage est important. Le plus fort risque de givrage se rencontre dans des masses dâair dont la tempĂ©rature est comprise entre + 20°C et – 5°C.
Et alors que faire ? La solution est de rĂ©chauffer lâair dans le carburateur. Câest bien MAIS, comme lâair est plus chaud, il est aussi moins dense ce qui diminue la puissance du moteur.
Donc, la meilleure des solutions est la nĂŽtre : ne pas avoir de carburateur mais un systĂšme dâinjection directe qui permet un dosage plus rĂ©gulier en carburant et une meilleure rĂ©partition dans les cylindres avec une combustion plus efficace et donc une puissance augmentĂ©e. On se demande pourquoi, il y a encore des carburateurs ?
Comme on prĂ©voyait de sâarrĂȘter lĂ , Boule nous a fait remarquer quâil nây avait pas que le carburateur qui pouvait givrer. Le Pitot pouvait givrer aussi et que si ça nâarrĂȘtait pas le moteur, câĂ©tait tout de mĂȘme trĂšs dĂ©stabilisant parce que le Pitot, câest essentiel. Le Pitot, rappelez-vous notre article n° 23, « Une affaire de bouton-pression », mesure la pression totale au sein du circuit de pression statique. En soustrayant la pression statique Ă la pression totale, on dĂ©termine la vitesse de lâaĂ©ronef par rapport Ă son environnement.
Donc, si le Pitot givre, tout ce qui dĂ©pend de son bon fonctionnement, par exemple, le badin, le variomĂštre et lâaltimĂštre est en dĂ©faut. LĂ aussi, on peut utiliser un systĂšme de chauffage. Pour faire le tour de tout ce qui gĂšle, les pales, bords dâattaque par exemple ou les empennages, ça peut geler aussi.
A dire vrai, ça ne mâest jamais arrivĂ©. A Aramis non plus. Mais Ă -50° C lĂ , on nây coupe pas ! Donc, on se rĂ©pĂšte, quel intĂ©rĂȘt dâaller si haut ?
Sur ces entrefaites, PLJ revenant dans le hangar, nous lui avons posĂ© la question. Comme nous lui disions ne pas voir dâintĂ©rĂȘt Ă monter si haut, il nous a dit que ce nâĂ©tait pas Ă prendre au pied de la lettre. On sâest tous regardĂ©s. Câest quoi ça le pied de lettre ?
Nous voyant perplexes, il nous a dit quâil ne fallait pas prendre lâexpression de façon littĂ©rale mais au figurĂ©. Ah !!!! et que donc, cette expression voulait dire une intense satisfaction.
Trop fortiche ce PLJ ! Une intense satisfaction ? mais, pouvions-nous considĂ©rer quâune extrĂȘme satisfaction remplissait la condition dâintense ? parce que, nous, avec Aramis, quand nous assurons un vol dâinitiation ou que nous accompagnons un vol dâinstruction, bref, quand nous vous accompagnons Ă la dĂ©couverte du pilotage dâun hĂ©licoptĂšre, câest toujours pour nous une extrĂȘme satisfaction.
LĂ , on lui a posĂ© une colle. Il nous a dit quâil ne savait pas mais que, pourquoi pas ?
Bon, nous vérifierons ça au prochain vol et, en attendant, nous rangeons votre expression en bonne place dans notre collection.
On vous dit au mois prochain.
Le Hughes 300, le Bell 206 et PLJ

